Depuis 2017, en France, nous assistons à une prolifération d’articles, d’ouvrages, de sites forestiers, de professionnels qui mobilisent la thématique de la sylvothérapie ou shinrin yoku. Ce fait social révèle donc une préoccupation contemporaine. Cette activité consiste au travers d’un tour, d’un parcours ou d’un cheminement, à fréquenter un espace forestier, ici montagnard, pour venir à la rencontre des arbres et de leur univers sylvestre. Il s’agit d’une immersion au sein de la communauté des montagnes et des arbres. Le propos de l’analyse présentée ici consiste donc à questionner les relations à l’espace naturel, afin de saisir la façon dont les individus se considèrent et agissent dans l’environnement fréquenté. Le récit mythique, en structurant l’espace et le temps en un univers ordonné, donne du sens à cette pratique itinérante. Nous explorons ces faits sociaux à partir de l’anthropologie de l’égarement, approche qui mêle des dimensions spatiale, culturelle, corporelle, émotionnelle et spirituelle. Les formes d’itinérances sylvestres développeraient le corps capacitaire.
Frédérick Guyon, « Les itinérances sylvestres montagnardes : Des égarements pour parfaire son corps capacitaire », Journal of Alpine Research | Revue de géographie alpine [En ligne], 108-3 | 2020.